Cinq Un La Revue

Beaucoup ai-je voyagé

Avant chaque voyage, nous devrions emballer nos rêves – les plier dans des carrés ordonnés, les disposer dans des piles soignées et placer le tout avec attention dans les valises de nos pensées. Il se peut, tout comme nos chaussettes, que nous appareillions une paire de fantaisies dissonantes ou que nous oublions dans notre hte un ou deux songes. Mais nous devrions au moins placer dans notre sac les nécessités élémentaires de notre imagination pour pouvoir les présenter comme offrandes à ceux que nous rencontrons sur notre chemin.

A travers la douane, nous passons clandestinement les sables dorés des terres sacrées de Toulouse-Lautrec, et des vols d’hirondelles prêtes à être libérées. Nous portons dans nos valises les soleils blancs de Turner et ses voiles blondes qui, dépliées, s’élvent dans des brouillards de nuages phosphorescents et nagent sur de larges vagues impérieuses dans des foules liquides-coulantes. Et quand il est l’heure dembarquer, nous trouvons nos sièges dans les cratères clairés de la musique de Debussy et les cavités de ses océans de son.

Car nous voulons voyager: guetteurs des cieux, explorateurs du bleu infini – attentifs à la musique des vagues et au frou-frou des étoiles, aux oiseaux migrants de l’té et aux feuilles tombantes de lautomne – et nous rappeler que nous aussi, nous sommes des errants de ce monde, qui chaque jour cherchons notre chemin, avant qu’il ne soit temps de partir.

François Holmey
Londres, 30 août 2014

Notre sélection de poèmes, musiques et images pour les cinq semaines de ce thème est disponible à travers les liens suivants:

I.  Première Semaine
II. Deuxième Semaine
III. Troisième Semaine
IV. Quatrième Semaine
V. Cinquième Semaine